Paroles d’organisation

Philippe Amouyel – Directeur général de la Fondation Alzheimer

Créée en 2008, la Fondation Alzheimer finance des projets de recherche audacieux et innovants permettant de mieux comprendre les mécanismes de la maladie afin de trouver de nouveaux traitements et de faire reculer l’âge d’apparition des premiers symptômes grâce à une prévention active. Reconnue d’utilité publique, la Fondation est le premier financeur non-gouvernemental de la recherche française sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées sur les 10 dernières années. Rencontre avec le Professeur Philippe Amouyel, Directeur général.

Le cerveau est l’organe le plus compliqué du corps humain, trouver un médicament suppose de prendre en compte cette complexité à l’origine du tâtonnement de la recherche thérapeutique. Pour l’instant il n’existe aucun traitement actif (excepté l’aducanumab autorisé sur le marché américain mais pour lequel l’agence européenne du médicament a émis un avis négatif). L’aducanumab est un médicament développé par une société américaine pour traiter la maladie d’Alzheimer en réduisant notamment les dépôts amyloïdes. Mais le bénéfice clinique en est relativement faible. Par ailleurs comme toute biothérapie il a un coût extrêmement élevé. La recherche continue d’avancer. Nous aboutirons très probablement (mais pas dans l’immédiat) sur des combinaisons de traitements comme pour les autres maladies chroniques. Ces traitements marcheront d’autant mieux qu’il y aura eu une prévention associée.

Pouvez-vous nous dire ce qu’est la maladie d’Alzheimer et quelles en sont et les causes ?

La maladie d’Alzheimer est une maladie neuro-dégénérative qui touche le cerveau et survient la plupart du temps à un âge avancé (en moyenne vers 75 ans) même s’il est vrai qu’il existe certaines formes jeunes extrêmement rares survenant avant 50 ans.

C’est une maladie d’évolution lente. On en pose le diagnostic aux alentours de 75 ans mais nous savons aujourd’hui qu’avant de le poser, la maladie s’était développée à bas bruit chez le patient depuis 20 ou 30 ans. Notre cerveau peut résister aux à-coups de la maladie jusqu’à un point de non-retour où la mémoire commence à ne plus revenir.

Il existe une dizaine de signes principaux de la maladie d’Alzheimer mais celui que l’on retrouve le plus souvent en premier c’est le trouble de la mémoire qui, lorsqu’il commence à perturber la vie sociale, nécessite consultation. Les troubles des fonctions exécutives constituent également une entrée dans la maladie. L’illustration parfaite est la situation où vous prenez votre smartphone pour téléphoner et vous vous apercevez que vous ne savez plus le faire fonctionner.

A des stades un peu plus avancés, on peut observer des troubles du langage, de l’orientation, des troubles du comportement aussi. Quelqu’un qui était aimable et doux comme un agneau peut tout à coup se révéler brutal, explosif. Ces troubles sont moins perceptibles que ceux de la mémoire mais permettent également, associés à d’autres, d’orienter vers le diagnostic.

En ce qui concerne la ou les causes maintenant, si nous les connaissions précisément elles nous auraient permis de trouver des solutions pour les traiter. Un neuro-pathologiste du nom d’Alois Alzheimer a décrit cette maladie en 1906 en constatant, à l’autopsie d’un cerveau d’une de ses patientes souffrant d’un trouble de la mémoire et de troubles du comportement, deux lésions présentes en grandes quantités dans le cerveau de la patiente pouvant être à l’origine de cette maladie particulière du cortex cérébral : des plaques séniles et des dégénérescences neurofibrillaires.

Des travaux ont été effectués depuis permettant de détecter la protéine qui compose les plaques séniles appelée protéine amyloïde. Depuis 1990, la protéine amyloïde a été la cible thérapeutique principale des essais cliniques dans le domaine de la maladie d’Alzheimer. Le dernier médicament qui a été mis sur le marché (seulement aux USA, car très discuté pour de multiples raisons) est un médicament qui cherche à réduire la quantité de protéine amyloïde pour diminuer les plaques séniles et tenter de ralentir voire stopper la progression de la maladie.

A côté de cela, depuis maintenant des années, grâce à la génétique et la biologie d’autres pistes ont pu être explorées. Des médecins ont pu observer que la formation de plaques amyloïdes, qui apparaissent longtemps avant les premiers signes cliniques de la maladie, provoquait, ultérieurement, des anomalies d’une autre protéine du cerveau, la protéine Tau localisée à l’intérieur des neurones. Suite à des modifications de sa conformation, cette protéine forme des agrégats à l’intérieur des neurones qui finissent par détruire les cellules nerveuses.

Toutes ces pistes n’expliquent toutefois pas complètement les causes de la maladie qui relève d’un mécanisme multi factoriel complexe encore mal cerné.

Un élément intéressant mis en relief en 2012 et issu d’une étude de cohorte d’âges dite « étude de Rotterdam » a révélé aussi une diminution apparente du nombre de nouveaux cas au fil des années selon les cohortes d’âge. Ainsi les cohortes nées le plus récemment semblaient avoir moins de nouveaux cas de maladies d’Alzheimer que celles nées antérieurement.

Les épidémiologistes se sont donc posés la question de la réalité et de l’origine d’une telle réduction de l’incidence. Ils se sont rendus compte qu’elle était liée au recul de l’âge de début d’apparition des symptômes de la maladie, sans nécessairement une diminution du nombre de nouveaux cas. Cette baisse apparente était due à une compétition avec d’autres causes de mortalité, fréquentes à ces âges avancés. Ainsi le décès peut-il survenir avant l’apparition des premiers symptômes occultant l’identification diagnostique. Cette observation tout à fait intéressante ouvrait donc la piste d’une prévention possible résultant des progrès médicaux et d’un niveau socio-éducatif plus élevé nous donnant des armes face à un processus dégénératif inscrit dans notre espèce. Ainsi plus les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer apparaissent tard, plus le risque de mourir d’autre chose est élevé.

On sait que la maladie peut démarrer de manière silencieuse 20 à 30 ans avant l’apparition des premiers symptômes, quels sont les signes qui permettent de dire qu’un patient en est atteint ?

Ce sont d’abord des signes cliniques qui alertent. La souffrance de la personne lorsqu’elle commence à rencontrer des troubles cognitifs (troubles de la mémoire, des fonctions exécutives, du langage, du comportement…). La plupart du temps toutefois, un futur patient vit d’abord une phase de déni plus ou moins anxiogène et peut commencer assez tôt une dépression.

Jusqu’au jour où la gêne sociale est telle que la personne, ou ses proches, viennent consulter. Intervient alors la phase d’annonce suivie de celle d’entrée dans la maladie où le patient et sa famille mettent enfin un mot sur les maux et commencent à comprendre qu’il va falloir apprendre à vivre avec, entrer dans un statut d’aidants pour les proches, et se préparer au phénomène de désocialisation qui arrivera progressivement pour le patient.

A-t-on pu observer des facteurs de risques liées à l’hygiène de vie d’un patient (alimentation, tabagisme, alcool…) dans l’apparition et le développement de la maladie ?

Pour en revenir à l’étude de Rotterdam dont je vous parlais plus haut, les épidémiologistes ont donc observé que les classes d’âge nées récemment (mais dans les pays riches exclusivement) semblent faire moins d’Alzheimer que celles nées antérieurement. Les deux principaux facteurs pouvant expliquer ce phénomène sont la durée des études et la diminution générale du risque cardio-vasculaire, deux facteurs qui ont un impact sur l’âge de début de la maladie.

Le cerveau est formé d’à peu près 80 à 100 milliards de neurones. Ce capital se multiplie jusqu’à nos 20-25 ans, ensuite nos neurones arrêtent de se diviser. Chacun d’entre eux reste toutefois capable d’établir en permanence des connexions avec environ 10.000 autres permettant à notre cerveau d’évoluer, de s’adapter, de progresser.  C’est ce que nous appelons la réserve cognitive, et que j’appelle notre « capital-cerveau ». Ainsi dans un processus d’apprentissage, vous établissez de nouvelles liaisons entre vos neurones qui vous aideront à stocker et à retrouver vos informations mémorielles. Cela vous permettra d’entretenir et de faire fructifier votre capital-cerveau et de maintenir actives plus longtemps vos fonctions intellectuelles.

Tout l’enjeu est donc de savoir ce qui permet d’entretenir voire d’augmenter cette réserve cognitive, en gros comment fait-on fructifier son capital cerveau ?

En ce qui me concerne j’ai identifié 4 grands groupes d’activités :

  • Il faut stimuler son cerveau : outre les apprentissages tout au long de la vie, cette stimulation passe déjà par la lecture qui fait appel à l’imagination et réveille les sens. Elle passe aussi par la projection dans l’abstrait, dans le futur que peuvent produire les activités de bricolage, jardinage, tricot ou voyage entre autres. Les jeux vidéo à actions simultanées et les écrans enfin améliorent le fonctionnement des zones du cerveau responsables de l’attention.
  • Il faut protéger son cerveau : le cerveau est un organe fragile et complexe qui « flotte » dans la boîte crânienne. Les chocs brutaux, les mini traumatismes répétés altèrent à la longue son intégrité et réduisent les capacités cognitives (par exemple les sports violents comme la boxe ou le football américain). La prise régulière de produits toxiques peut aussi abimer la barrière hémato-encéphalique, en particulier le tabac, l’alcool, les drogues quelles qu’elles soient et certains médicaments (psychotropes, solvants, anti histaminiques, anti hypertenseurs, anti dépresseurs à dose prolongée en automédication…).
  • Il faut aussi bien prendre soin de son corps : la santé cardio-vasculaire, le régime alimentaire (le plus efficace pour l’entretien des fonctions cognitives étant le régime méditerranéen), l’entretien de ses organes des sens en particulier l’audition (la presbyacousie, qui traduit une baisse de l’audition avec l’âge doit être corrigée dans les meilleurs délais) sont des éléments essentiels pour prévenir la maladie.
  • Enfin, notre humeur et nos relations sociales sont les principaux alliés de notre cerveau : il est à noter que les gens optimistes font moins d’Alzheimer que les pessimistes. Comme disait, Bonnie St John médaillée américaine paralympique en ski « Les pessimistes ont plus souvent raison, mais les optimistes réussissent plus souvent  ». La vie en couple, le cercle familial et amical qui évitent l’isolement sont fondamentaux. Même les couples qui ne s’étendent pas finalement se stimulent, bien évidemment il ne s’agit pas de cautionner les violences intraconjugales mais on observe qu’il vaut mieux un couple qui se chamaille que de la solitude pouvant déboucher sur de l’isolement social. En ce sens, les rapports affectifs et activités sexuelles au sens large (câlins autant que acte sexuel) font partie d’un ensemble de choses qui entretient notre capital cerveau.

Combien de personnes sont-elles concernées en France et dans le monde par la maladie d’Alzheimer ?

La France aujourd’hui compte environ 1, 2 millions de personnes atteintes pour 50 millions de cas diagnostiqués dans le monde. Parmi ces 50 millions, la moitié est issue de pays à moyen et bas niveau économique où certes l’espérance de vie est plus courte mais augmente quand même et où les populations sont largement plus nombreuses numériquement que dans les pays occidentaux. Au total donc le nombre de cas absolus diagnostiqués est plus important dans les pays en voie de développement (Asie, Amérique du Sud, Afrique…).

Une altération lente et progressive de la mémoire représente sans nulle doute une torture mentale pour la personne qui en est victime en conscience, pensez-vous qu’il soit utile de dire aux personnes qui en souffrent ce qui leur arrive et ce qui les attend sachant que l’issue pour l’instant est psychologiquement dévastatrice ?

A un moment, les individus prennent conscience tellement leur quotidien se complique. Ils passent du déni à une phase de désespoir mais comprendre ce qui leur arrive peut surtout finir par les soulager sur ce plan.

Pour les familles, il est nécessaire également de qualifier l’origine des changements relationnels de leur proche. La femme dont le mari devient soudainement agressif a besoin de comprendre. Le fait d’aller en consultation, de mettre le nom d’une maladie sur ces maux peut souvent apaiser les tensions.

Acteur majeur de la recherche sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées en France depuis plus de 10 ans, la Fondation Alzheimer en est le premier financeur non-gouvernemental, parlez-nous de vos missions ?

Nos principaux axes sont :

  • Le soutien de la recherche (fondamentale, clinique et en sciences humaines et sociales) via des appels à projets thématisés, des bourses de retour des chercheurs ayant acquis une expérience post doctorale à l’étranger afin de leur permettre de poursuivre leurs travaux dans un labo français, des Prix destinés à récompenser de jeunes médecins et/ou scientifiques menant des travaux de recherche sur la maladie d’Alzheimer ou apparentées (Les prix Joël Ménard).
  • La prévention. C’est une préoccupation majeure de la fondation, car nous avons des outils possibles. J’ai rédigé un livre destiné au grand public, intitulé « Le guide anti-Alzheimer, les secrets d’un cerveau en pleine forme » paru au Cherche Midi. Un véritable guide du quotidien pour agir sur les facteurs d’apparition et prévenir la maladie d’Alzheimer. Des conseils et rituels sont proposés : simples, accessibles à tous et fondés sur les données scientifiques les plus récentes. Par ailleurs la fondation est à l’origine de nombreux webinaires et conférences sur le sujet.
  • L’innovation à savoir tout ce que la haute technologie moderne peut ou pourrait faire pour aider au quotidien la vie du malade : thérapies non médicamenteuses, solutions connectées, appareils et détecteurs pour éviter les accidents du quotidien… Pour cela nous avons lancé depuis 2 ans des appels à projet mettant en contact équipes de chercheurs spécialisés dans l’Alzheimer et équipes d’ingénieurs afin qu’ils réfléchissent ensemble à des projets visant à améliorer la qualité de vie des patients.
  • La dissémination des connaissances au niveau national et international afin de promouvoir les mécanismes de prévention et d’anticiper la maladie. Il s’agit également de créer dans le domaine de l’Alzheimer un réseau entre les différents chercheurs tout territoire confondu (comme l’ANRS l’a fait avec succès en son temps pour le SIDA). La Fondation Alzheimer développe donc cette activité de réseautage et propose des journées où tous les chercheurs qu’elle a soutenus viennent présenter leurs travaux et échanger. Ce réseautage s’étend au niveau international avec le pilotage de la programmation conjointe européenne de la recherche sur les maladies neurodégénératives qui regroupe 30 pays dans la plus grande collaboration de recherche mondiale sur le sujet.

Où en est la recherche en matière de traitement, se dirige-t-on vers une solution médicale ? Que peut-on espérer des thérapies dans l’avenir ?

Le cerveau est l’organe le plus compliqué du corps humain, trouver un médicament suppose de prendre en compte cette complexité à l’origine du tâtonnement de la recherche thérapeutique. Pour l’instant il n’existe aucun traitement actif (excepté l’aducanumab autorisé sur le marché américain mais pour lequel l’agence européenne du médicament a émis un avis négatif).  

L’aducanumab est un médicament développé par une société américaine pour traiter la maladie d’Alzheimer en réduisant notamment les dépôts amyloïdes. Mais le bénéfice clinique en est relativement faible. Par ailleurs comme toute biothérapie il a un coût extrêmement élevé. Pour info, son prix moyen lors de sa mise sur le marché était de 60.000 dollars par an pour quelqu’un de corpulence moyenne. Aujourd’hui il se situe aux alentours de 20.000 dollars.

La recherche continue d’avancer. Nous aboutirons très probablement (mais pas dans l’immédiat) sur des combinaisons de traitements comme pour les autres maladies chroniques. Ces traitements marcheront d’autant mieux qu’il y aura eu une prévention associée.

Enfin je tenais à ajouter que le traitement aura vocation à stopper le processus dégénératif (c’est-à-dire à faire en sorte que les neurones ne meurent plus) or les symptômes apparaissent lorsque l’individu n’a déjà plus assez de neurones. Il est donc important d’envisager lors de la démarche médicale de faire un diagnostic avant le stade symptomatique pour appliquer le traitement, ce qui suppose des dépistages afin de stopper la maladie lorsque les capacités cérébrales sont encore présentes.

En l’absence de traitement curatif, les actions de prévention deviennent prioritaires, quels sont vos leviers d’action pour prévenir la maladie ?

Les leviers d’actions sont assez classiques. Ils reposent sur l’hygiène de vie, la stimulation cérébrale, la protection du cerveau, le maintien des relations sociales… Tous points que nous avons déjà évoqués.

Ce mode de vie sain doit commencer le plus tôt possible et se prolonger en permanence, idéalement vers la quarantaine.

Pour sensibiliser le public, la Fondation Alzheimer diffuse des informations et des articles notamment sur son site Internet. Nous réalisons également des conférences ainsi que des webinaires avec les meilleurs spécialistes français du domaine. Sur le sujet, la Fondation travaille de concert avec un ingénieur et formateur brillant dans le domaine de la mémoire qui s’appelle Sébastien Martinez.

Enfin vous trouverez de nombreux conseils utiles dans mon livre « Le guide anti-Alzheimer, les secrets d’un cerveau en pleine forme ».

Parlez-nous de la recherche clinique, comment se déroule-t-elle et comment la soutenez-vous ?

La recherche clinique est quelque chose de lourd financièrement. La fondation Alzheimer finance deux axes principalement :

  • La recherche translationnelle précoce. Il s’agit du passage des essais de laboratoire sur la souris aux essais cliniques chez l’homme que peu d’agences financent. La Fondation Alzheimer au travers de ses appels à projets soutient ce type de projets innovants avec beaucoup de succès.
  • Des essais cliniques publiques plus classiques comme preuves de concept. Toujours dans le domaine de la recherche clinique, nous nous positionnons également sur le financement d’approches dans le domaine des sciences humaines et sociales.

Existe-t-il des maisons médicalisées spécialisées dans la maladie d’Alzheimer ?

Les EHPAD sont remplis à près de 50 à 60% de personnes atteintes par des troubles cognitifs dont la maladie d’Alzheimer. Certains de ces établissements comprennent des unités de soin Alzheimer qui s’occupent par exemple des troubles du comportement.

La prise en charge des rares formes précoces de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées posent également de nombreux problèmes spécifiques. Autant il existe des moyens de prise en charge sociale des patients âgés, autant les moins de 60 ans se heurtent à une absence d’établissements dédiés. Les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) peuvent fournir une carte d’invalidité mais aucune solution simple et globale n’existe.

Certaines expériences ont vu le jour, comme en Hollande où un « village Alzheimer » a été créé pour prendre en charge des patients avec des formes sévères ainsi que d’autres expérimentations sous forme de fermes, dont certaines s’essaient à la prise en charge de patients jeunes.

A l’heure actuelle, la France propose un de ces villages dans les Landes et d’autres sont à l’étude. Ce modèle économique particulier (pour l’instant à l’état expérimental) demande des investissements importants mais peut apporter de vraies solutions pour les formes graves et avancées. 

Il existe aussi pour les aidants, des solutions que l’on appelle de répit où des établissements médicaux prennent en charge la personne malade pendant un week-end, une semaine, afin d’offrir des temps de repos dans la prise en charge quotidienne des aidants familiaux à domicile.

Comment sont formés les soignants en Ehpad pour répondre aux besoins des patients ?

Ce sont des aides-soignant(e)s qui bénéficient de formations spécifiques. Il y a une quinzaine d’années j’ai participé au plan Alzheimer de Nicolas Sarkozy, ce plan proposait la mise en place de formations certifiantes et de diplômes en la matière. Malheureusement nos propositions n’ont pas connu un franc succès. Il existe des filières spécifiques mais peu de gens les empruntent pour le moment. La France manque cruellement de personnels formés pour ce type de service.

Quelles sont les dernières innovations pour permettre aux patients de rester plus longtemps à la maison ?

Ce sont en particulier les dernières innovations en termes de domotique et tout ce qui se passe autour des « maisons intelligentes ». Les japonais sont très engagés dans le domaine et investissent énormément. Les ingénieurs y développent différents types de robots. Des robots hyper sophistiqués qui ressemblent réellement à des êtres humains mais aussi de petits robots ludiques comme le petit phoque blanc, PARO, robot thérapeutique doté d’un programme qui fait des câlins, ronronne, se réchauffe, répond, suit des yeux. Cela crée un certain degré de lien social et permet de maintenir le patient à la maison ou l’aide au quotidien en établissement. En effet, au-delà du contact, ces outils domotiques contribuent à détecter les chutes, anticipent certaines maladies et rappellent la prise de médicaments.

Parlons des aidants maintenant, quels conseils et accompagnements proposez-vous pour les soulager ?

 Accompagner les aidants n’est pas du ressort de notre fondation. En revanche nous finançons des recherches en Sciences humaines et sociales pour des travaux sur le soutien des aidants en particulier dans les formes jeunes (intégration dans la famille, problèmes dans le couple générés par la maladie, comment la maladie est vécue par les enfants du couple…).

Le 17 février 2022 la Fondation Alzheimer a obtenu le label Don en Confiance, qu’est-ce qui a motivé votre adhésion aux exigences de la Charte de déontologie du Don en Confiance ?

La Fondation Alzheimer possède un fonds de dotation important. Depuis 5 ou 6 ans ce fonds rapporte beaucoup moins compte tenu de la chute des rendements des placements financiers. Avec le Président de la Fondation nous avons donc décidé d’associer un autre modèle qui fait appel à la générosité du public. Ce modèle économique nous permet d’affecter chaque euro provenant du public aux chercheurs. Nous avons vu qu’existaient des organismes indépendants permettant d’apporter des garanties aux donateurs, et notamment le Don en Confiance. Nous sommes donc rentrés dans le processus d’instruction du Don en Confiance et avons obtenu le label en février 2022.

Parlez-nous de la phase amont, quelles sont les étapes à observer avant d’être labellisé ? Est-ce difficile d’obtenir un tel label ?

Oui, le Don en Confiance réalise un véritable audit très approfondi de tout ce que fait la structure pendant plus d’un an. Le premier intérêt est de savoir précisément quelles sont les actions menées, le deuxième aide à mieux s’organiser. Comme nous sommes une petite fondation les interactions vont très vite entre les contrôleurs du Don en Confiance et nos agents. L’audit nous a conduit à rédiger des procédures pour mieux les formaliser, à mieux définir et encadrer aussi toutes nos activités. Les deux contrôleurs ont assisté à nos conseils d’administration, nos conseils scientifiques, nos comités opérationnels… Finances, comptabilité, tout a été passé au peigne fin. L’expertise a commencé en décembre 2020 pour s’achever en février 2022.

Pourquoi l’existence d’une association de contrôle est-elle nécessaire pour le secteur associatif ?

Le Don en Confiance sert à assurer aux donateurs que leur don sera bien utilisé. Et compte tenu de la multiplicité des associations faisant appel à la générosité du public, ce label aide les donateurs à faire leur choix de manière éclairée.

Quelques mots sur les projets et actualités de la Fondation Alzheimer…

– Apporter une image positive de la maladie dans l’esprit de chacun.
– Pouvoir obtenir plus de dons pour soutenir nos chercheurs au meilleur niveau.
– Accueillir de nouveaux chercheurs sur le territoire français.
– Promouvoir la prévention autour de la maladie.
– Développer nos actions en France et à l’international.
– Préparer des actions d’avenir favorisant le maintien à domicile le plus longtemps possible : nous venons de rédiger un appel à projets afin de stimuler et soutenir la recherche dans ce domaine.

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