ONG de solidarité internationale, Électriciens sans frontières lutte depuis 1986 contre les inégalités d’accès à l’électricité et à l’eau dans le monde. Soutenue par 1200 bénévoles et en partenariat avec des acteurs locaux, l’association favorise le développement économique et humain en utilisant les énergies renouvelables. Rencontre avec Hervé Gouyet, Président.
Aujourd’hui 800 millions de personnes environ dans le monde n’ont pas l’électricité. Assurer l’accès universel à l’énergie est effectivement tout à fait possible mais l’horizon de 2030 – qui était affiché par un certain nombre d’institutionnels – est trop optimiste, et ce encore plus avec la crise du Covid-19. (…) Non seulement les populations doivent travailler sur la transformation de leurs outils de production et leur efficacité énergétique pour ceux qui en bénéficient mais il est nécessaire pour les autorités compétentes de focaliser sur l’énorme challenge que représente la transition pour ceux qui ne bénéficient pas encore de réseau électrique afin d’opter dès le départ pour les sources de production les moins émettrices en CO2 et pour les usages qui soient les plus efficaces tout de suite. Il y a donc un vrai enjeu à sauter l’étape carbonée et inefficace pour les pays du sud.
Électriciens sans frontières est une ONG de solidarité internationale créée en 1986 qui lutte contre les inégalités d’accès à l’électricité et à l’eau dans le monde. Quelle en est l’origine et que couvrent vos missions pour pallier l’inaction des autorités concernant l’accès à ces services essentiels ?
Électriciens sans frontières est née de la volonté de salariés du secteur de l’électricité qui au moment de la grande famine en Ethiopie ont souhaité mettre leur savoir d’électriciens au service de projets de développement. C’était un peu les prémices du mécénat de compétences au service de la solidarité internationale maintenant largement répandu.
Nous avons donc démarré avec quelques projets d’accès à l’électricité en lien avec des associations du sud et des collectivités territoriales françaises. Nos premières interventions ont eu lieu au Cameroun et au Vietnam. Puis progressivement l’association s’est développée pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui, à savoir qu’elle représente un peu plus de 1.200 adhérents pour 135 projets en cours dans une quarantaine de pays à travers le monde. Nos bénévoles sont pour la majorité des salariés et anciens salariés du secteur de l’énergie.
Pour ce qui est des missions, Électriciens sans frontières possède 3 axes d’intervention :
- Le volet historique qui consiste à acheminer l’électricité dans les zones rurales éloignées des réseaux en électrifiant prioritairement les services collectifs (écoles, centres de santé, espaces communautaires) tout en intégrant une composante « activité économique » afin de solvabiliser l’écosystème électrique mais aussi de partir sur des dynamiques pluridimensionnelles intégrant les services collectifs, les services productifs et les activités domestiques. A chaque fois nous devons nous adapter au contexte socioéconomique local et politique. Nous ne rencontrons pas les mêmes contraintes ni les mêmes contextes réglementaires d’un pays à l’autre. La complexité de l’ingénierie sociale est parfois nettement supérieure à celle de l’ingénierie technique. Il faut savoir s’adapter. Les ¾ de nos actions portent donc sur l’électrification rurale.
- Le volet « situation d’urgence ». Nous intervenons ici essentiellement en appui des autres acteurs de la solidarité internationale pour prendre en charge le volet accès à l’électricité de leurs propres actions (réalimenter par exemple en urgence les hôpitaux en électricité lors de catastrophes naturelles, éclairer les zones de recherche après un tremblement de terre ou encore éclairer des camps de réfugiés). Il s’agit souvent de catastrophes d’ampleur qui nécessitent notre technicité, l’ONG sur place n’arrivant pas à gérer la complexité.
- Un troisième volet enfin, qui peut d’ailleurs avoir des adhérences avec les 2 premiers, consiste à soutenir des actions de solidarité internationale menées par certaines collectivités territoriales ou encore par des ONG. Nous travaillons par exemple avec la métropole de Nantes sur un projet de coopération décentralisée dans un petit village du Cameroun. Notre mission consiste à prendre en charge toutes les études ainsi que l’accompagnement dans la mise en place d’une centrale hydraulique à proximité. Autre exemple avec Médecins sans frontières maintenant, assez régulièrement l’ONG demande un recours à nos bénévoles pour aller vérifier la sécurité des installations électriques de ses propres opérations.
97 % de nos projets utilisent les énergies renouvelables et les 2/3 de nos projets incluent une composante « eau » importante puisque nous menons des actions pour faciliter l’accès à une eau potable ou pour l’agriculture via l’irrigation.
Dans quels pays intervenez-vous et qui vous sollicite pour les interventions ? De manière générale quels sont vos partenaires sur les différents projets menés ?
Nous intervenons en Afrique subsaharienne et sommes également présents en Haïti, Madagascar, Vietnam, Laos, Népal. Nous répondons à des sollicitations à la fois de collectivités et de collectifs du sud mais aussi de collectivités et d’associations du nord. Très marginalement de façon proactive mais plutôt sur demande.
Pour vous donner un exemple, au sud de Madagascar nous travaillons avec les Filles de la Charité qui gèrent une petite cinquantaine d’établissements de soin et d’établissements scolaires à l’origine dépourvus d’électricité. Elles ont fait appel à nos services et nous sommes intervenus pour électrifier leurs installations. Depuis nous agissons à leur côté à Madagascar mais aussi dans d’autres pays du monde nécessitant leur présence (Haïti, Cameroun).
Autre type d’intervention par capillarité du réseau cette fois, au moment de la crise Ebola nous sommes intervenus en Guinée forestière pour le compte de la Croix Rouge. L’Etablissement Français du Sang qui se heurtait à un problème de compatibilité d’alimentation électrique d’un certain nombre d’équipements d’analyses sanguines nous a sollicités suite à des contacts avec la Croix Rouge.
Qui agit pour la cause sur le terrain ? Des bénévoles ou des permanents ?
L’essentiel de nos ressources provient du bénévolat. Nos bénévoles s’inscrivent sur toute la chaîne du projet, de l’instruction initiale jusqu’à la réalisation puis le suivi. Notre organisation comprend aussi 10 permanents qui ne gèrent que le back office. Ils s’occupent de fonctions transverses telles le contrôle de gestion, la communication, le lien avec le Don en Confiance, celui avec les commissaires aux comptes ou les bailleurs institutionnels…
Comment s’organise l’intervention des bénévoles ? Sont-ils retraités ou actifs ?
Il y a un peu plus d’actifs que de retraités dans nos rangs. Les retraités sont ceux qui consacrent le plus de temps à la gouvernance et en mission sur le terrain. À Électriciens sans frontières, 20% de l’activité de bénévolat est dédiée à la gouvernance et à l’animation de l’association. Animer 1.200 bénévoles c’est déjà une activité en soi mais répartis en 14 délégations régionales demande beaucoup de réunions collectives pour la prise de décision, l’analyse et la validation des dossiers.
Une grosse partie du travail se situe ainsi dans la préparation des projets, les études préalables, l’élaboration des supports de formation… La réalisation proprement dîtes et le suivi dans le temps des installations demandent finalement moins de temps en bénévolat.
Quels sont les pays que vous couvrez qui représentent la plus faible part en raccordement à l’électricité ?
Ce sont les pays d’Afrique subsaharienne. Certains sont à 15-20% de taux d’accès à l’électricité comme le Niger ou Madagascar avec une grosse différence entre les villes et les campagnes. Cela ne veut pas dire que les populations isolées ne consomment pas d’énergie. Elles brûlent du bois, s’éclairent avec des lampes à pétrole ou avec des bougies. Il y a donc consommation d’énergie mais ce sont des énergies plus chères, peu efficaces, nocives pour la santé et l’environnement.
En parlant de pollution justement, quelles sources d’énergie utilisez-vous pour obtenir de l’électricité ? Faites-vous la part belle aux énergies renouvelables pour favoriser la transition énergétique ?
Notre principale activité repose sur la mise en place de centrales solaires. 90% de nos projets sont à base d’énergie photovoltaïque. Un peu d’hydraulique également mais c’est moins facile à mettre en œuvre et plus coûteux en termes d’investissement.
Nous nous appuyons, pour un certain nombre de projets, sur des systèmes hybrides constitués de groupes électrogènes afin de limiter la taille des parcs de batteries nécessaires en cas d’absence de soleil. Le bilan financier ainsi que le bilan CO2 s’en trouvent ainsi allégés.
Tous ces services ont un coût alors comment vous financez-vous ? Obtenez-vous des subventions de la part des institutions publiques ?
Un gros tiers de nos ressources est issu de bailleurs institutionnels : Agence Française de Développement, Fondation de France, Banque Mondiale mais aussi collectivités territoriales avec des appels à projet.
Un autre tiers provient de la filière électrique qui nous fournit déjà des salariés comme bénévoles. Nous entretenons 150 à 200 partenariats avec des acteurs du secteur de l’énergie en France qui nous aident à la fois en ressources financières mais également en ressources matérielles. En ce qui concerne le matériel, nous évitons le recyclage et préférons choisir sur catalogue en fonction des projets définis. Nous utilisons les fins de séries et équipements déclassés avec beaucoup de parcimonie car ce sont souvent des cadeaux empoisonnés. Nous sommes aussi aidés par les entreprises sur le plan logistique : les bureaux pour l’équipe nationale par exemple sont mis à disposition par le groupe Legrand. Enfin nous disposons d’un peu de mécénat de compétences de la part d’entreprises que nous répartissons entre l’équipe nationale et les missions sur le terrain. Grosso modo 10% du temps de mission est pris en charge par le mécénat de compétence, le reste du bénévolat est pris sur le temps personnel de ceux qui s’engagent à nos côtés.
Le troisième tiers maintenant englobe la générosité du public (5 à 10%) mais aussi des prestations, des manifestations, des ventes, des participations à des salons, des colloques, des organisations de concerts…
Pouvez-vous maintenant nous parler des impacts de l’énergie électrique sur la croissance économique d’un pays puis sur sa population (en termes de santé publique, d’éducation, de vie quotidienne…) ? A quelles situations avez-vous eu à faire et qu’a changé votre venue ?
L’arrivée de l’électricité a un impact significatif sur tous les services collectifs en fait.
Dans le secteur de l’éducation, c’est un énorme enjeu puisque travailler dans une école sans lumière, sans possibilité de connecter un vidéo projecteur ou un ordinateur est très pénalisant. L’électricité contribue à améliorer la qualité de l’enseignement dans sa globalité et donc les résultats scolaires.
Dans le secteur de la santé, elle permet d’offrir des soins 24h/24h, de conserver des vaccins dans un réfrigérateur, de stériliser les instruments, de faire des analyses et d’éclairer l’accès aux centres de santé le cas échéant.
Dans le secteur agro-alimentaire, elle contribue à optimiser l’irrigation en pompant l’eau de façon plus efficace, à améliorer la production, à transformer les aliments et à les conserver. Elle est à l’origine d’activités génératrices de revenus puisque l’on peut acheter des machines, les faire tourner et contribuer ainsi à développer l’activité économique.
Autre point important, l’électricité permet d’améliorer la sécurité dans une collectivité. L’éclairage public élargit les plages horaires de vie communautaire et sécurise cette vie. On oublie souvent ce point pourtant essentiel à certains dirigeants locaux.
Enfin n’oublions pas le secteur de la communication. Il y a grosso modo 800 millions de téléphones en Afrique, pour les recharger et les alimenter, il faut de l’électricité. La téléphonie sert d’ailleurs de façon indirecte à améliorer l’éducation lorsqu’elle permet des formations en ligne. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres car l’accès à internet ouvre bien des horizons.
Il est aussi fondamental d’aborder ces questions au regard du changement climatique. On parlait d’énergies renouvelables tout à l’heure, si la transition énergétique au nord tourne autour de la réduction des consommations et la transformation des sources d’énergies, au sud en revanche l’enjeu est plus élevé.
Non seulement les populations doivent travailler sur la transformation de leurs outils de production et leur efficacité énergétique pour ceux qui en bénéficient mais il est nécessaire pour les autorités compétentes de focaliser sur l’énorme challenge que représente la transition pour ceux qui ne bénéficient pas encore de réseau électrique afin d’opter dès le départ pour les sources de production les moins émettrices en CO2 et pour les usages qui soient les plus efficaces tout de suite. Il y a donc un vrai enjeu à sauter l’étape carbonée et inefficace pour les pays du sud. Il y aussi un énorme enjeu sur la transformation de leurs usages d’énergie non commerciale, notamment le bois de feu pour la cuisson qui est vecteur à la fois de déforestation et de pollution climatique et locale. Nous avons un avantage aujourd’hui, les progrès technologiques sur le photovoltaïque notamment mais aussi sur l’éolien ont permis une réduction des coûts notable pour une même qualité de production. Il existe aussi des systèmes de gestion intelligente de l’énergie qui peuvent permettre non pas de gérer l’électricité comme on l’a fait pendant de nombreuses années mais, grâce au numérique, de faire un mixte entre les capacités de production et les besoins de consommation. On peut déplacer des consommations, effacer des consommations pour s’adapter au mieux aux productions.
Dans le sud justement, où en est-on de cette transition énergétique ?
C’est encore difficile de faire changer les mentalités des gros opérateurs. Les énergies renouvelables sont souvent des énergies décentralisées or pour les grosses entreprises centralisées c’est toujours un peu compliqué de gérer cette complexité du diffus, d’installer 1 million de fois 100 watts que d’installer 1 giga watt. La gestion de l’émiettement est complexe et le coût d’entrée est différent. Au lieu d’acheter du matériel en gros, on est obligé de consacrer beaucoup de temps et d’énergie à de l’ingénierie sociale puisque qu’il faut adapter les solutions à chaque réalité et non apporter du prêt à porter. Le sur mesure a un coût non négligeable.
Au-delà de l’installation maintenant, j’imagine qu’il est préférable de mettre en place des infrastructures faciles à entretenir et permettant aux locaux de se débrouiller ensuite par leur propre moyen, parlez-nous de la maintenance et du transfert de compétences ? Comment formez-vous les locaux pour leur autonomisation ?
Dans tous nos projets nous intégrons un volet activité génératrice de revenus.
Il faut une forme de péréquation entre ceux qui ont les moyens de payer et ceux qui ne les ont pas, donc générer un minimum de ressources financières pour équilibrer le bilan. Les populations qui vivent avec un dollar par jour n’ont pas forcément pour priorité de payer l’électricité, il faut donc trouver des formes de pérennisation des installations un peu différentes selon les cas. Ce modèle permet ainsi de ne pas créer d’inégalités.
Des techniciens sont formés sur place et rémunérés pour entretenir l’installation. Il ne peut y avoir durablement d’électricité s’il n’y a pas d’électricien affecté à l’entretien, au renouvellement et l’extension de l’installation. La question de la formation se pose donc. Par ailleurs, l’électricien doit pouvoir s’appuyer sur d’autres entreprises le cas échéant si au-delà de l’entretien au quotidien arrivent des pannes un peu plus importantes. Il y a en fait tout un réseau de dépendance allant des compétences et de la maintenance de 2ème ou 3ème niveau au renouvellement et au recyclage.
Électriciens sans frontières s’est engagée de toute façon à suivre chacune de ses installations pendant 10 ans à partir de leur mise en service. Nous considérons que comme nous nous adressons aux populations les plus défavorisées, nous devons aider à la réalisation d’une dynamique de développement. Nous avons conscience que cette dynamique ne peut pas se faire en un claquement de doigts. Considérer que parce qu’on a investi dans un équipement électrique, les populations pourront durablement être autonomes, est totalement illusoire. Si un coup dur venait à arriver, nous sommes donc là et nous profitons de la multiplicité de nos projets pour toujours, lors de nos missions, aller jeter un œil sur les projets de proximité ayant été mis en service précédemment.
Où en sommes-nous de l’accès à l’énergie dans les pays en voie de développement ? Est-il possible selon vous d’assurer l’accès universel à l’énergie et si oui à quel horizon et à quel coût?
Aujourd’hui 800 millions de personnes environ dans le monde n’ont pas l’électricité. Assurer l’accès universel à l’énergie est effectivement tout à fait possible mais l’horizon de 2030 – qui était affiché par un certain nombre d’institutionnels – est trop optimiste, et ce encore plus avec la crise du Covid-19. Pour ce qui est du coût maintenant, il est assez compliqué de l’évoquer dans la mesure où s’affrontent 2 modèles. Celui encore privilégié où l’on va étendre le réseau (qui est un modèle long et coûteux) et celui plus décentralisé (qui est un modèle moins coûteux mais plus difficile à mettre en place). Le fait qu’un certain nombre de bailleurs et d’entreprises plaident pour du développement de réseau est perçu auprès des bénéficiaires comme étant la vraie solution. Les solutions décentralisées sont alors perçues comme des solutions d’attente (non comme un vrai accès à l’électricité). C’est dommage car aujourd’hui, pour les raisons de progrès techniques précédemment évoquées, on pourrait très bien construire des systèmes qui soient autonomes à des mailles beaucoup plus petites et faire avancer l’électrification dans le monde beaucoup plus rapidement.
Parlons du Don en Confiance maintenant, pourquoi avez-vous fait le choix de la labellisation ?
Électriciens sans frontières a fait le choix d’une réorganisation lourde en 2009-2010. Nous avons décidé alors de fusionner les 15 structures régionales et la fédérale en une seule association nationale. Le fait d’être éclatés en associations dans chacune des régions françaises rendait difficile le fonctionnement homogène. Tout regrouper répondait à certains enjeux sur l’avenir de notre organisation, la diversification de ses financements, de ses activités, de l’origine de ses bénévoles.
Parallèlement nous avons fait le choix d’accompagner cette transformation d’une meilleure reconnaissance en termes de transparence, de gouvernance, d’utilité publique de l’association. Cela nous a donc paru indispensable de travailler avec le Don en Confiance et d’obtenir la labellisation.
Qu’est-ce que la labellisation vous a apporté dans votre relation aux donateurs ?
Vis-à-vis du grand public, je suis incapable de répondre. C’est un gage de confiance certain mais Electriciens sans frontières reste encore une ONG peu connue. Nous travaillons depuis quelques années à faire croître sa notoriété auprès du grand public. Vis-à-vis des entreprises, le label du Don en Confiance fait clairement partie des atouts pour convaincre. Le fait d’avoir à la fois la reconnaissance d’utilité publique et le label du Don en Confiance auxquels s’ajoutent parfois des partenariats avec les syndicats professionnels de certaines entreprises est un ensemble de cautions qui donne confiance et garantit la mobilisation.
Pouvez-vous m’énoncer trois arguments que vous donneriez pour motiver une association ou une fondation à adhérer aux exigences de la charte de déontologie du Don en Confiance?
L’amélioration interne : le travail de labellisation nous a obligé à nous pencher sur nos process, en clarifier certains, en mettre en place d’autres. Globalement le travail de labellisation est très exigeant certes mais aussi et surtout franchement stimulant.
L’aide à progresser : travailler avec le Don en Confiance aide à progresser de par la rencontre avec nos homologues au sein des différents groupes de travail qui se réunissent régulièrement. Il existe une très grande diversité dans les membres du Don en Confiance.
La structure « bénévoles » du Don en Confiance : il était plus facile pour nous de faire adhérer nos propres bénévoles aux messages du Don en Confiance de par sa structure composée essentiellement de bénévoles. Des bénévoles qui parlent à des bénévoles, c’est un véritable atout que l’on ne retrouve pas dans d’autres contrôles comme celui des commissaires aux comptes par exemple.
En cette période de crise sanitaire internationale majeure, le manque d’accès à l’énergie, l’eau potable et l’assainissement doit être encore plus périlleux, avez-vous eu la possibilité d’intervenir en urgence à l’étranger durant ces mois malgré la fermeture des frontières ? Si oui où et quelles ont été vos actions ?
Notre action s’en est trouvée limitée bien sûr. Nous avons toutefois conduit un projet de formation au Sénégal pour encadrer un chantier-école. La formation a été conduite à distance, par skype en appui avec les professeurs.
Nous avons aussi envoyé des lampes solaires (1.200) à des structures de soin avec lesquelles nous sommes en relation pour aider les soignants à travailler. En parallèle nous avons mené une enquête auprès des 200 structures de santé que l’on a électrifiées sur les 10 dernières années pour faire un inventaire de leurs besoins en termes de renforcement de capacité des infrastructures électriques pour faire face à la crise.
Nous avons ainsi pu relever dans une dizaine de pays 50 structures qui nous ont fait des demandes très précises de soutien.
Allez-vous reconsidérer certaines priorités par rapport à la crise sanitaire ?
Il y a un vrai enjeu à améliorer les capacités des structures de santé en général et à sécuriser leur alimentation électrique. Nous avons donc monté cet inventaire très précis de structures de santé avec lesquelles nous avons déjà travaillé, avec lesquelles nous avons des relations de confiance et nous savons que les demandes sont justifiées. Il ne s’agit pas d’une priorité au sens où nous allons pour cela décaler d’autres actions en tout cas. Reste maintenant à financer le tout. Nous avons déjà trouvé quelques financements mais le défi de trouver les ressources suffisantes n’est pas encore gagné!
Quel est le bilan de vos opérations depuis 30 ans maintenant ?
Il est difficile de faire un bilan des bénéficiaires bien sûr mais si je devais dire quelques mots sur le sujet je mettrais en avant la partie plaidoyer. Ce que nous avons construit avec d’autres instances à ce sujet a permis aujourd’hui de reconnaître que l’accès à l’électricité est une priorité pour le développement d’un pays. En 2000 les objectifs du millénaire ne mentionnaient pas l’accès à l’énergie. En 2015 à l’adoption des Objectifs de Développement Durable (ODD), le septième consacre l’accès à l’électricité propre, efficace, abordable. L’accès à l’électricité est enfin reconnu comme un vecteur important de développement, un vecteur transverse à quasiment l’ensemble des autres objectifs de développement. Des milliers de bénévoles ont donné de leur temps et de l’énergie pour en arriver là. C’est une fierté qui fait clairement partie du bilan.