Depuis 1845, la Société Protectrice des Animaux – SPA – agit pour la protection et le bien-être des animaux sur l’ensemble du territoire français. Ses actions consistent à recueillir les animaux abandonnés ou maltraités et à les faire adopter, à défendre les animaux en détresse ou encore à sensibiliser le public au bien-être animal, notamment les jeunes générations et les collectivités territoriales. Par le lobbying et la communication, elle engage, auprès des pouvoirs publics et du grand public, des actions pour combattre toute pratique à l’origine de la souffrance animale. Rencontre avec Guillaume Sanchez, directeur général de l’association.
Le défenseur du droit des animaux est une idée de Robert Badinter que mon Président Jacques-Charles Fombonne et moi-même avons eu l’honneur de rencontrer. Il nous a accueillis extrêmement chaleureusement, avec éloquence et humilité.
Tout comme il existe un défenseur des droits de l’homme (autorité administrative indépendante), Monsieur Badinter reste convaincu qu’il est pertinent de transposer à l’animal en faisant nommer par le Président de la république un défenseur des droits des animaux. Cette autorité indépendante devra disposer de moyens d’expertise de manière à susciter des dialogues entre des mondes qui n’échangent pas (chasseurs versus protecteurs de l’environnement, défenseurs et détracteurs de l’expérimentation animale). Elle aura vocation aussi à éclairer sur des sujets pour lesquels nous disposons de peu d’information comme le nombre d’animaux abandonnés ou euthanasiés en France. Enfin elle aura pour mission de rendre un rapport annuel devant le parlement afin de permettre de faire évoluer les lois.
La Société Protectrice des Animaux (SPA) existe depuis 176 ans maintenant. Si tout le monde la connaît au moins de nom et sait qu’elle a pour mission première d’accueillir les animaux domestiques abandonnés, pouvez-vous nous éclairer sur son fonctionnement général ? Existe-t-il des missions moins connues du grand public ?
La SPA est une association avec un Conseil d’administration et une équipe salariée unique. Elle regroupe 77 sites incluant des refuges, des maisons SPA, des dispensaires, 1 siège, 1 site logistique et 1 cellule anti-trafic. Cette organisation multi-sites s’appuyant sur 2 axes stratégiques : métier d’accueil et de soins des animaux – communication/pédagogie et grands combats représente l’essence même de la SPA depuis de nombreuses années. Le virage qui a été pris ces derniers temps consiste à se décentrer de l’animal pour travailler sur le rapport homme-animal et s’interroger sur leur enrichissement réciproque.
Si notre mission première consiste en effet à sauver des animaux et à en prendre soin, le grand public oublie souvent que la SPA possède des dispensaires proposant des soins gratuits pour les animaux.
Autre mission peu connue, l’association a la capacité de conduire des enquêtes de maltraitance pour les particuliers mais aussi les professionnels. Nous avons mis en place une cellule anti-trafic composée d’anciens policiers ou gendarmes qui mène quotidiennement des enquêtes sur des filières professionnelles afin de déceler et démanteler la maltraitance et l’exploitation animale illégale.
On associe souvent la SPA à la prise en charge de chiens, de chats et de ce que l’on nomme les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) mais la SPA possède aussi un grand refuge dans l’Orne pour accueillir de très nombreux chevaux ainsi que des animaux de ferme.
Enfin, je tiens à rappeler que la vocation première de la SPA consiste à sauver les animaux pas à les euthanasier comme beaucoup peuvent le penser. Cette pratique à laquelle nous recourrons dans des cas extrêmes reste donc exceptionnelle.
Face à un animal errant le « bon réflexe » n’est pas toujours évident et le comportement à adopter dépend sans doute de celui de l’animal et du lieu dans lequel on se trouve, pouvez-vous nous donner quelques conseils sur l’attitude à observer lorsque l’on rencontre un animal abandonné ? A qui doit-on s’adresser pour signaler l’abandon ?
Avant de considérer un animal comme abandonné il faut d’abord s’assurer que l’animal est véritablement abandonné. La SPA accueille malheureusement un nombre incalculable de chats ayant des propriétaires tout simplement parce que les chats ne sont pas identifiés par tatouages ou puces électroniques et que nous n’avons pas les moyens de retrouver les propriétaires.
Donc le premier réflexe et le meilleur est tout simplement, lorsque vous voyez un animal divaguant, d’appeler la municipalité ou la fourrière la plus proche. Il faut savoir que la SPA est le 2eme acteur de fourrière nationale, vous avez donc de forte chance que la fourrière soit exercée par la SPA ou par une autre association de protection animale.
Une fois les mauvais traitements signalés, comment s’effectue la prise en charge des animaux en amont de leur arrivée dans vos refuges ?
Un animal divaguant doit d’abord être capturé. Ce sont des missions exercées en priorité par la police municipale, les pompiers ou une société détentrice du marché public. L’animal est ensuite placé en fourrière pour une durée de 8 jours, délai qui permet d’en rechercher le propriétaire qui, une fois identifié, doit venir récupérer son animal. Des frais de garde et de soins lui sont alors facturés.
En ce qui concerne les animaux que la SPA accueille directement, il existe 2 cas de figure : l’abandon au refuge ou le dépôt par les fourrières lorsqu’aucun propriétaire ne s’est manifesté.
La prise en charge par la SPA peut alors commencer. Nous faisons un bilan de santé de l’animal et nous nous laissons un délai d’observation d’environ 8 jours pour apprendre à le connaître. Une fois soigné, stérilisé, identifié, l’animal rentre dans le parcours classique de l’adoption. Il intègre notre système informatique interne et rejoint notre plateforme internet dédiée à l’adoption.
La non stérilisation des chats semble constituer avec l’achat réflexe en animalerie la cause principale de l’abandon des animaux, comment la SPA sensibilise-t-elle sur ces 2 sujets ?
La SPA a effectué il y a 2 ans une grande étude sur la stérilisation des chats confirmant le caractère essentiel de cette pratique qui fait pourtant l’objet d’idées préconçues.
- La 1ère idée fausse consiste à penser que l’on peut la repousser considérant l’animal trop jeune en oubliant qu’un chat commence à se reproduire alors qu’il n’a que l’âge de 4 mois.
- La 2ème idée fausse : faire faire une portée à son chat en pensant que c’est bon pour sa santé. C’est totalement erroné.
Lorsque l’on possède un chat le faire stériliser est donc fondamental.
La SPA pratique ce type d’intervention dès qu’un animal rejoint ses refuges et essaye de sensibiliser les collectivités territoriales à lancer des campagnes de stérilisation des chats errants. Elle y participe financièrement ou humainement lorsque c’est possible, sinon nous nous appuyons sur des associations partenaires pour qu’elles assurent le trappage de l’animal avant sa prise en charge vétérinaire par nos services.
Malheureusement nous parlons ici de 300 campagnes, ce qui représente une goutte d’eau à l’échelle du territoire. La SPA souhaitait dans le cadre du projet de loi contre la maltraitance animale – approuvé au mois de novembre 2021 – que cette stérilisation soit systématique et que les communes en fassent une responsabilité obligatoire mais il y a eu bronca de la part des élus assez peu enclin à financer l’opération. Pourtant outre la prolifération des chats non stérilisés, ces derniers représentent un danger pour la santé humaine et pour la faune locale, notamment les oiseaux.
En ce qui concerne l’achat réflexe en animalerie maintenant, la SPA a été à l’origine d’une grande campagne choc intitulée « Stop animal Objet – Mobilisons-nous ! » et a obtenu une vraie victoire puisque la loi contre la maltraitance animale va d’ici quelques années interdire la vente de chats et de chiens en animalerie. On espère aller plus loin avec l’interdiction à la vente des NAC qui continuent d’être un produit d’appel, achetés sur le coup d’une envie immédiate et parfois traités sans égard.
Enfin, il est grand temps d’agir sur les réseaux sociaux ou les plateformes de vente comme le Bon Coin. Cette marchandisation sous couvert de don est inacceptable, non encadrée. On vend l’animal sur les parkings sans aucun soin, sans aucune précaution.
Est-il possible d’avoir accès à la stérilisation gratuite ou tout au moins à un prix accessible dans votre association ?
Elle est possible dans les dispensaires pour les gens qui n’en ont pas les moyens mais nous ne pouvons pas non plus entrer en concurrence avec les vétérinaires. La SPA a également toute une partie consacrée à l’aide aux particuliers. Ainsi + 1.500 personnes par an, à partir d’un devis du vétérinaire, nous contactent et sont pris en charge dans la limite de 500 euros.
Il faut savoir quand même que la stérilisation d’un animal coûte entre 125 et 250 euros, c’est assez onéreux.
Quelles sont les actions que vous mettez en place lorsque vous recueillez un animal ?
La première action concrète consiste à faire un bilan de santé de l’animal : comment est-ce qu’il se porte ? Quel est son état moral ? Est-il approchable et adoptable ? Il existe des animaux à tendance suicidaire qui ne se nourrissent plus et sont traumatisés par le nouvel environnement proposé sans maître attitré.
Quels sont les profils des animaux recueillis ? Avez-vous des difficultés à les faire adopter ?
Beaucoup de chats de gouttières, très peu de race. Côté chiens de refuge, la SPA recueille quelques chiens de race acquis par effet de mode tels les Malinois ou autre molosse qui servent d’abord de chien de garde pour finir abandonnés par des propriétaires ne sachant pas s’en occuper. Victime de la violence sociale grandissante, nous constatons de plus en plus d’agressivité chez certains chiens qui arrivent avec des pathologies comportementales aggravées depuis la crise COVID.
Pour pallier le phénomène, nous essayons de faire de la prévention et amplifions notre communication. Nous accueillons d’ailleurs sur C8 une émission intitulée « Animaux adoptés » que je vous invite à regarder, sincère sur la réalité des chiens et des chats que nous recueillons.
Par leur âge, leur pathologie ou leur handicap, certains de nos animaux ne sont pas plébiscités par les adoptants. Les chats FIV par exemple (similaire au VIH pour l’homme mais qui ne se transmet qu’entre chats) sont presque toujours écartés et victimes d’un délit de « sale gueule ». La situation se complexifie pour les chiens traumatisés par leur expérience avec l’homme dont beaucoup peinent à trouver un propriétaire susceptible de leur proposer des conditions de vie adéquates. Pour faciliter leur adoption, la SPA a créé le dispositif « SOS » qui propose une participation financière libre à l’adoption.
Souffrant de lourdes pathologies ou devenus très âgé, l’animal rentre là dans un autre dispositif que nous nommons « famille d’accueil définitive » dans lequel nous nous engageons à prendre en charge tous les soins liés à la pathologie.
Enfin quand l’animal est condamné par un comportement compliqué ne lui permettant pas de sortir du refuge, malheureusement l’euthanasie s’impose.
Sur les 45.000 animaux que nous gérons par an, nous arrivons à en faire adopter 40.000, ce qui fait de nous la première association de protection animale. Les 5000 restants attendent toujours un foyer.
Comment responsabilisez-vous les adoptants pour leur faire comprendre qu’acquérir un animal de compagnie est un engagement sur le long terme ? exercez-vous un suivi ?
Une adoption responsable à la SPA prend du temps. L’adoptant doit venir en plusieurs fois accompagné de tous les membres de sa famille et des animaux dont il dispose déjà. Lorsqu’il y a doute, nos bénévoles effectuent des visites post-adoption en véhiculant le message qu’en cas d’incompatibilité il est préférable de redonner l’animal plutôt que de l’abandonner.
En décembre 2020, Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a présenté le premier plan d’actions visant à lutter contre l’abandon des animaux de compagnie qui poursuit son déploiement avec l’installation de l’Observatoire de la protection des animaux de compagnie. Plus récemment, la loi visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes, promulguée le 30 novembre 2021, comprend des mesures notamment pour développer la sensibilisation sur le bien-être animal et lutter contre la maltraitance des animaux domestiques, que pensez-vous de ces actions ? Représentent-elles une avancée majeure ?
La loi de novembre 2021 représente clairement une avancée majeure. Nous nous sommes beaucoup mobilisés sur le sujet et avons même publié des articles. La loi a d’ailleurs connu une évolution à la demande de la SPA et vise aujourd’hui à lutter contre la maltraitance animale ainsi qu’à conforter le lien entre les animaux et les hommes.
Cette loi promulgue un ensemble de mesures qui vont avoir un impact profond sur le comportement à l’égard des animaux comme la fin de la vente en animalerie ou sur les sites internet, la fin des animaux dans les cirques ou delphinarium.
Elle propose également que la vente d’animaux soit encadrée par l’obligation de remplir une attestation stipulant qu’il y a bien eu un échange d’informations sur les besoins de l’animal.
Enfin la loi prévoit une sensibilisation dans les écoles. A cet effet d’ailleurs nous sommes la première association de protection animale à avoir obtenu l’agrément de l’éducation nationale pour intervenir dans les écoles. L’année dernière ce sont près de 6.000 jeunes qui ont été sensibilisés dans les lycées et collèges. Parallèlement, en 3 ans, nous sommes passés de 26 à 34 clubs jeunes qui permettent aux enfants de s’investir pour la cause animale dès leur plus jeune âge. Ces clubs sont ouverts aux enfants et adolescents âgés de 11 à 17 ans, passionnés par les animaux, qui peuvent partager ensemble les valeurs de respect pour la protection du Vivant. Ils sont accompagnés par nos bénévoles encadrants.
Que reste-t-il à faire selon vous pour faire avancer la cause animale et protéger les animaux domestiques ?
Il reste beaucoup à faire malheureusement, notamment pour les chiens de catégorie victimes d’un délit de sale gueule. La loi de 1999 qui ciblait certaines races a été détournée. Certes il n’existe désormais presque plus de pit-bull interdits à la reproduction mais les gens ont fait des croisements ou sont allés chercher d’autres types de races. Le Staffie par exemple qui est un molosse est devenu la 4ème race la plus achetée. Lorsque nous les récupérons, ces chiens dits de 1ère catégorie devraient pouvoir être mis à l’adoption dans des conditions particulières et encadrées or aujourd’hui nous sommes obligés de les euthanasier, leur adoption étant interdite. Pourtant ce sont souvent des chiens adorables.
Autre point d’importance, il nous semble indispensable que les fourrières et les refuges travaillent plus de concert. Les fourrières devraient avoir l’obligation de proposer les animaux aux associations en priorité avant d’envisager l’option « euthanasie ».
La question des NAC (hamsters, lapins…) aussi, qui sont aujourd’hui vendus derrière une vitrine sans que l’on ne prenne en compte leurs besoins, a été complètement oubliée. Les règles de détention d’un nouvel animal de compagnie varient selon que l’animal appartient à une espèce domestique ou sauvage et la détention d’un animal appartenant à une espèce domestique n’est pas règlementée.
Enfin il existe de grands combats qui tiennent à cœur de la SPA comme l’abrogation de la corrida ou encore l’abolition de l’expérimentation animale qui aboutit à des résultats trompeurs, gâche de l’argent, du temps et des ressources précieuses qui pourraient être consacrées à de la recherche efficace et applicable à l’homme.
Quels sont vos moyens pour faire pression sur les décideurs politiques et avez-vous l’impression d’être entendus ?
A l’initiative de Convergence Animaux Politique, 29 ONG de protection animale se sont rassemblées pour mobiliser les candidats à la présidentielle 2022 sur la condition animale. 22 mesures prioritaires pour le quinquennat, couvrant six grandes thématiques : Élevage, transport et abattage ; Expérimentation animale ; Divertissement et captivité ; Animaux de compagnie et loisir ; Animaux sauvages et biodiversité, Animaux et société ont été définies avec demande d’engagement de la part des élus sur ces mesures ambitieuses et largement soutenues par la population.
La SPA s’est mobilisée en essayant de porter des mesures simples et concrètes qui ont été bien accueillies car les élus prennent aussi conscience que leur électorat est sensible à la cause. Maintenant lorsque l’on voit les résultats, nous ne pouvons pas dire que nous sommes satisfaits.
La SPA a demandé au chef de l’Etat de nommer dès son investiture un défenseur des droits des animaux pour condamner toutes formes de maltraitance, parlez-nous de son rôle ? Comment l’imaginez-vous ?
Le défenseur du droit des animaux est une idée de Robert Badinter que mon Président Jacques-Charles Fombonne et moi-même avons eu l’honneur de rencontrer. Il nous a accueillis extrêmement chaleureusement, avec éloquence et humilité.
Tout comme il existe un défenseur des droits de l’homme (autorité administrative indépendante), Monsieur Badinter reste convaincu qu’il est pertinent de transposer à l’animal en faisant nommer par le Président de la république un défenseur des droits des animaux. Cette autorité indépendante devra disposer de moyens d’expertise de manière à susciter des dialogues entre des mondes qui n’échangent pas (chasseurs versus protecteurs de l’environnement, défenseurs et détracteurs de l’expérimentation animale). Elle aura vocation aussi à éclairer sur des sujets pour lesquels nous disposons de peu d’information comme le nombre d’animaux abandonnés ou euthanasiés en France. Enfin elle aura pour mission de rendre un rapport annuel devant le parlement afin de permettre de faire évoluer les lois.
Que vous évoque la phrase de Gandhi « On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux y sont traités » ?
Gandhi a souvent eu un regard juste sur la condition animale et sur celle de l’homme en général. Sa maxime « Œil pour œil et le monde finira aveugle » en dit long sur la philosophie humaniste qu’il défendait.
Concernant la condition animale, plus la société évolue plus l’individu prend en considération l’altérité, les droits de l’autre et ceux des êtres vivants. Les animaux, notamment les domestiques, occupent une place particulière dans nos sociétés et la SPA se félicite qu’ils aient été reconnus dans le code civil comme des êtres vivants doués de sensibilité. On espère maintenant, en ce qui concerne les animaux d’élevage, l’amélioration de leurs conditions d’hébergement et de transports qui sont encore trop souvent oubliées.
L’attention à l’autre, le « care », concerne directement la cause animale. En quittant son statut d’objet, l’animal devient un individu à part entière. L’étendard des droits humains s’étend de manière croissante sur les animaux comme un prolongement de la sensibilité humaine. Parallèlement, la prise de conscience d’une sensibilité animale propre à chaque individu vient le questionner dans la place accordée à l’animal.
La crise COVID a-t-elle entraîné une hausse des abandons ? Et si oui, comment l’expliquez-vous ?
Depuis la crise COVID, les taux d’abandon atteignent des sommets. Nous n’arrivons plus à placer nos animaux et à les faire adopter. Les refuges ne désemplissent pas. Tous les ans, ils sont plein pendant la période estivale (juillet-août) et pendant la période de reproduction des chatons. Cette année ils ne désengorgent pas depuis le mois de mai. Toutes les associations de protection animale sont malheureusement touchées. Plus personne ne vient adopter de chiens et très peu adoptent des chats.
C’est un sujet qui peut s’expliquer par le coût que représente la prise en charge d’un animal que supportent sans doute de moins en moins les ménages ou peut-être par les envies de voyage qu’a généré l’enfermement de la crise COVID.
Comment s’organise la SPA au niveau Ressources Humaines, est-elle essentiellement composée de permanents ou de bénévoles et entre eux, comment se répartissent les fonctions ?
Notre modèle est à la base un modèle salarial. Compte tenu de notre croissance en termes de prise en charge d’animaux, l’association a créé plus de 100 postes en 4 ans. Nous sommes passés de 650 à quasi 750 salariés.
Parallèlement nous essayons de renforcer notre pool de bénévoles sachant que 4.250 d’entre eux nous accompagnent déjà et sont indispensables à plusieurs titres.
D’abord, un bénévole est une personne convaincue, à même de sensibiliser son entourage à la cause et d’aboutir à une éducation responsable. Ensuite, les bénévoles sont indispensables dans les refuges par le temps qu’ils accordent à la sortie des chiens, à leur éducation, tout simplement à leur donner de l’affection. Enfin, certains de nos bénévoles sont dédiés à la réalisation d’enquêtes sur la maltraitance animale. Ils sont alors formés, accompagnés, présents sur le territoire pour répondre aux plaintes et signalements concernant la maltraitance. Sur ce point nous recevons environ 15.000 signalements à l’année dont la moitié correspondent à des situations de mauvais voisinage.
La grande force de la SPA est vraiment de parler à tout le monde. Nos bénévoles proviennent de tous milieux sociaux, ont tous les âges mais se rejoignent sur une passion commune : les animaux !
Comment vous financez-vous ?
Exclusivement par le don et les legs. Nous n’avons pas de subventions publiques. Nous ne pouvons compter que sur nous-même. Notre modèle est donc très fragile.
La SPA a choisi en 2016 de faire une demande d’instruction pour l’obtention du label Don en Confiance en quoi est-ce important pour vous ?
Notre Président a même été élu pour représenter la SPA au Conseil d’administration du Don en Confiance, c’est vous dire l’importance que l’adhésion à la Charte de déontologie du Don en Confiance revêt pour nous.
En 2016, lors d’une période très compliquée médiatiquement marquée par la sortie d’un rapport accablant de la cour des comptes, le passage de la brigade de la répression de la délinquance économique, des licenciements en interne, des articles négatifs dans la presse, la SPA a connu une traversée du désert. Le Don en Confiance a été le seul à nous tendre la main dans une optique de travail conjoint et de progression. Je tiens vraiment à rendre hommage au contrôleur de l’époque (ainsi d’ailleurs qu’à notre contrôleuse actuelle) qui avec bienveillance et professionnalisme nous ont assistés et ont largement contribué à notre amélioration.
La SPA a touché le fond dans quasiment tous les secteurs possibles, a failli couler et ressort la tête haute. Aujourd’hui nous sommes humbles et avons envie de retrouver une place parmi les autres acteurs associatifs, de partager nos bonnes pratiques et de nous enrichir des leurs. Le Don en Confiance nous permet de le faire.
Quel chemin avez-vous parcouru depuis votre labellisation ?
Un énorme chemin. Pour ne citer que cela,
- nous avons mis en place une mission audit et contrôle interne qui n’existait pas.
- nous avons engagé une stratégie d’investissements immobiliers
- nous déployons une communication bien plus adaptée et transparente de l’utilisation des dons et des legs
- nous avons engagé un vrai travail sur l’éthique et la manière d’utiliser l’argent. Tous nos salariés et administrateurs ont reçu une formation sur la probité.
Vous êtes la seule association à avoir été contrôlée par l’Agence Française Anticorruption (AFA) en 2019, pouvez-vous nous en dire plus ?
L’Agence Française Anticorruption est une autorité publique à laquelle nous avons eu obligation de répondre en 2019. Ce n’est pas une institution partenariale mais ce qui est intéressant c’est que nous avons réussi à créer avec elle les conditions d’un dialogue constructif.
L’AFA préconisait 18 recommandations pour la SPA. En 3 ans, 12 ont été entièrement mises en œuvre, 6 sont en cours de traitement. C’est vous dire le chemin parcouru.
Parlez-nous de votre actualité
Notre grande actualité est la victoire de la liste de Jacques-Charles Fombonne réélu à 71% pour un mandat de 6 ans. Cette réélection va nous permettre d’avancer sur notre stratégie SPA 2030 « pour tous, partout, contre toute forme de malveillance » afin de devenir la référence du bien-être animal. Ces 3 piliers et cette cible repose sur un socle : la bonne gestion de l’association. De ce point de vue-là le Don en Confiance y est directement associé !
Le Don en confiance préconise spécifiquement aux associations et fondations à but non lucratif faisant appel public à la générosité de réaliser chaque année un Essentiel. C’est un document d’information clair, synthétique et pédagogique destiné au grand public. Il décrit en quelques pages ce qu’est l’organisation, ses principales réalisations de l’année, l’ensemble des fonds reçus, leur origine et leur utilisation, en particulier ceux provenant de la générosité du public, et le cas échéant les principaux écarts par rapport aux années précédentes, ainsi que les événements significatifs intervenus dans l’année.
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